Entreprenariat- 25/09/2020

L’entreprise sociale, au cœur de l’économie de demain

Plus que jamais, la crise de la Covid-19 a mis en lumière les limites de notre mode de fonctionnement : pénuries de biens stratégiques comme le matériel médical, ruptures dans la chaîne d’approvisionnement, échanges à flux tendus… Si les plans de sauvetage successifs et les aides exceptionnelles de l’Etat tentent d’éviter un naufrage, ils s’inscrivent dans la continuité de notre modèle économique et perpétuent les mêmes logiques de marché qu’auparavant. Or, dans la cacophonie ambiante, une autre mélodie se fait entendre, chantant les louanges d’un modèle économique alternatif basé sur l’engagement social et environnemental des entreprises. En quoi ces entreprises œuvrant au bien commun sont-elles au cœur de la société de demain ?

L’entreprise sociale, au cœur de l’économie de demain

Replacer l'entreprise au service de la société

Une entreprise à impact, c’est quoi ? Apparu dans les années 90 principalement aux États-Unis et en Italie, le concept d’entreprise à impact, ou entreprise sociale, désigne une entité économique dont l’objectif premier est de générer des impacts positifs sur la société ou l’environnement.

Dès les années 2000, plusieurs initiatives importantes se développent, visant à proposer un modèle alternatif aux organisations caritatives. L’idée est d’affirmer son engagement solidaire sans perdre de vue le rôle d’acteur du marché économique. On peut citer, par exemple, les débuts de la coopérative Ethiquable, spécialisée dans le commerce équitable, ou du fournisseur d’électricité renouvelable Enercoop. Au cours de la dernière décennie, le modèle a par ailleurs été doté d’une définition juridique : par l’Europe en 2011, puis par la France en 2014 à travers la loi relative à l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). En créant un cadre législatif et réglementaire, cette loi établit la reconnaissance institutionnelle que les entreprises à impact attendaient tant.

Dans le même temps, la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) devient un sujet majeur, et même un critère au moment de choisir son employeur : d’après une étude américaine de Cone Communication, plus de la moitié des salariés refusent de travailler pour une entreprise qui n’a pas d’engagement social ou environnemental. La mission de l’entreprise est réévaluée : en 2019, une modification du Code Civil apportée par la loi PACTE rappelle que son objet ne se limite pas à la recherche du profit, mais doit aussi avoir un rôle social et environnemental.

Et si la rentabilité n'était pas uniquement financière ?

Face à cette prise de conscience sociétale, la mesure de la rentabilité d’une entreprise basée sur son bilan financier et les dividendes distribués aux actionnaires ne paraît plus adaptée. Contrairement à la plupart des organisations classiques, les entreprises sociales vont ainsi préférer utiliser des indicateurs de mesure d’impact réel pour évaluer leur performance.

Cela ne signifie pas, loin de là, que ce modèle “à impact” est l’ennemi de la rentabilité : la multitude d’initiatives à succès de ces dernières années en sont la preuve ! Dans le domaine de la distribution alimentaire plus équitable, on peut par exemple citer la marque du consommateur, "C'est qui le patron?" (cf. lamarqueduconsommateur.com). En proposant de définir le cahier des charges et de fabriquer les produits selon leurs critères, l’entreprise permet aux individus de devenir consom’acteurs et de payer un prix à la fois raisonnable et totalement transparent. Dans ce cas, l’engagement social de l’entreprise bénéficie directement au pouvoir d’achat des consommateurs ainsi qu’à la juste rémunération des producteurs. 

Néanmoins, dès lors que cette stabilité est assurée, c’est bien le résultat concret en termes de bénéfice sociétal qui est le critère privilégié. On parle de nombre de personnes aidées, de tonnes de pollution évitée...

Il s’agit là d’un réel changement de paradigme par rapport à la vision traditionnelle de l’entreprise.

Cette approche plus globale, qui intègre le “hors bilan” - ces externalités sociales et environnementales si souvent négligées par les conseils d’administration - rend un meilleur compte de l’impact réel de l’activité. Ce nouveau paradigme encourage notamment la prise de décisions stratégiques fortes en faveur de la plus grande utilité sociale : on peut par exemple penser à La Nef, coopérative de finance éthique dont la ligne directrice est d’utiliser l’épargne des citoyens pour soutenir exclusivement des projets d’utilité sociale et écologique.

Pour beaucoup d’entreprises sociales, le développement économique sous “exigence” éthique est par ailleurs source de renouvellement et d’innovation. Tout comme la Nef fut d’abord une association avant de changer de statut, de nouveaux modèles hybrides, entre entreprise et association, se développent aujourd’hui pour remplir cet espace d'entreprenariat social, et investir directement leurs bénéfices dans des actions solidaires menées en parallèle.

L'ESS, à l'avant garde d'une économie locale

Le contexte de crise sanitaire, sociale et économique actuel, qui s’ajoute à une prise de conscience écologique grandissante en Europe et la volonté politique de relocaliser les activités indispensables au fonctionnement de notre société, créent les conditions propices à la transition de notre modèle économique. Les entreprises sociales, par leurs objectifs de résilience et d’impact local, ont alors tout pour devenir les pionnières d’un “retour au raisonnable”.

Le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire représente un poids non négligeable dans l’économie française : 10,5% de l’emploi, soit 2,4 millions de salariés, et 220 000 établissements*. Et les acteurs de l’ESS, en tissant des liens de coopération et de complémentarité entre eux, contribuent à développer des réseaux de solidarité sur le territoire et à donner une place grandissante à l’économie à impact positif. Elles sont ainsi au premier plan d’un modèle économique recentré sur les compétences et les ressources locales.

Les entreprises à impact participent également à la dynamique macro-économique du pays, notamment concernant l’inclusion dans le circuit économique des personnes éloignées de l’emploi ou souffrant de handicaps. L’exemple qui nous vient à l’esprit est celui de l’entreprise à But d’Emploi 13Avenir, qui embauche des chômeurs longue durée habitant sur le territoire, et crée ainsi des emplois non délocalisables. Dans notre économie où l’emploi est une priorité nationale, le secteur de l’ESS, avec près de 700 000 postes à pourvoir d’ici 2025*, répond présent à cette attente sociétale.

Enfin, il convient également de souligner le caractère pionnier des entreprises sociales dans la recherche du sentiment d’utilité de son travail. Cette quête de sens, considérée comme “prioritaire” par plus de la moitié des étudiants aujourd’hui***, s’inscrit elle aussi dans la dynamique du développement de ce modèle entrepreneurial.

Biocycle, un acteur à impact !

Depuis ses débuts, le projet Biocycle a été façonné par ces valeurs de responsabilité et d’engagement social ; par nos actions de lutte contre le gaspillage alimentaire, d’insertion par l’emploi et de solidarité envers les personnes précaires, nous nous engageons au quotidien pour le développement d’une économie plus locale et humaine. Notre ambition de faire partie de ces modèles innovants est donc plus que jamais d’actualité.

Plus largement, dans le contexte de transformation de notre économie, nous sommes plus que favorables à des entreprises davantage engagées socialement sur leur territoire, afin de redonner du sens à un modèle trop souvent dénaturé.

* Source : L’Observatoire national de l’ESS

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